Message à l'occasion des obsèques de Manuela Camagni

Message à l'occasion des obsèques de la Memor Domini de la famille pontificale, décédée le 24 novembre dans un accident de la route. Lu par Mgr Georg Gänswein pendant les funérailles, à San Piero in Bagno di Romagna
Benoît XVI

Chers frères et sœurs,

J’aurais souhaité présider les obsèques de la chère Manuela Camagni, mais — comme vous pouvez l'imaginer — cela ne m'a pas été possible. Toutefois, la communion dans le Christ nous permet à nous chrétiens une réelle proximité spirituelle, dans laquelle nous partageons la prière et l’affection de l'âme. Dans ce lien profond, je vous salue tous, en particulier les membres de la famille de Manuela, les évêques présents, les prêtres, les Memores Domini, les amis.

Je voudrais ici offrir brièvement mon témoignage sur notre sœur, qui est partie pour le Ciel. Beaucoup d'entre vous connaissent Manuela depuis longtemps. J'ai pu bénéficier de sa présence et de son service dans l'appartement pontifical, ces cinq dernières années, dans une atmosphère familiale. C'est pourquoi je voudrais rendre grâce au Seigneur pour le don de la vie de Manuela, pour sa foi, pour sa réponse généreuse à la vocation. La Divine Providence l'a conduite à un service discret, mais précieux, dans la maison du Pape. Elle en était heureuse, et participait avec joie aux moments de famille: à la Messe du matin, aux vêpres, aux repas en commun et aux diverses et significatives fêtes de la maison.

Nous séparer d’elle de façon si soudaine, ainsi que la manière dont elle nous a été enlevée, a provoqué une grande douleur, que seule la foi peut consoler. Je trouve un grand soutien dans le nom de sa communauté: Memores Domini. En méditant sur ces mots, sur leur signification, je trouve un sentiment de paix, parce qu’ils renvoient à une relation profonde qui est plus forte que la mort. Memores Domini signifie: «Qui rappellent le Seigneur », c'est-à-dire des personnes qui vivent dans la mémoire de Dieu et de Jésus, et dans cette mémoire quotidienne, pleine de foi et d'amour, les petites actions comme les grands choix, du travail, de l'étude, de la fraternité, trouvent un sens à chaque chose. La mémoire du Seigneur remplit le cœur d'une joie profonde, comme le dit un antique hymne de l'Eglise: «Jesu dulcis memoria, dans vera cordis gaudia» (Jésus douce mémoire, qui donne la vraie joie du cœur).

Voilà pourquoi penser que Manuela est une Memor Domini, une personne qui vit dans la mémoire du Seigneur, m'apporte la paix. Cette relation avec Lui est plus profonde que l'abîme de la mort. C'est un lien que rien ni personne ne peut rompre, comme le dit saint Paul: «(Rien) ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 39). Oui, si nous faisons mémoire du Seigneur, c'est parce que Lui, le premier, fait mémoire de nous. Nous sommes memores Domini parce qu'Il est Memor nostri, il se souvient de nous avec l'amour d'un Père, d'un Frère, d'un Ami, même au moment de la mort. Même si parfois, il peut nous sembler qu'à ce moment-là, Il est absent, qu'il nous oublie, en réalité nous sommes toujours présents en Lui, nous sommes dans son cœur. Partout où nous pouvons tomber, nous tombons entre ses mains. Précisément là, où personne ne peut nous accompagner, Dieu nous attend: notre Vie.

Chers frères et sœurs, c’est dans cette foi pleine d'espérance, qui est la foi de Marie auprès de la croix de Jésus, que j'ai célébré la Messe d'intention pour Manuela le matin même de sa mort. Et tout en accompagnant par la prière le rite chrétien de la sépulture, je donne avec affection aux membres de sa famille, à ses consœurs et à vous tous ma Bénédiction.

BENOÎT XVI


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